Depuis la création de Femmes En Action, nous essayons de suivre une ligne directrice bien particulière. Nous nous sommes documentées et formées sur l’aide au développement, l’interculturalité et nous avons essayé de remettre en question et de solutionner des pratiques qui ne nous semblaient pas correctes.

Collaboration avec des associations locales et respect de ces dernières

L’un des premiers objectif est de s’appuyer sur les communautés et associations locales. Qui connait mieux le terrain que ces dernières? Les associations locales que nous aidons sont souvent implantées depuis plusieurs années sur le terrain, elles ont su gagner la confiance des autochtones, elles ont fait leurs preuves et connaissent les réalité du terrain et du pays. Cet appui est fondamental pour Femmes En Action : nous n’interférons pas avec les programmes en cours mais nous aidons à les réaliser.

Ainsi, nous travaillons en intelligente collaboration : l’association locale nous informe des difficultés, nous propose des projets à soutenir et si nous avons, de notre côté, des idées de projets à mettre en place, nous en discutons. Nous ne privilégions jamais les projets que Femmes En Action propose par rapport aux projets des associations partenaires. Nous n’imposons jamais nos projets et nos conditions.

Si nous décidons de soutenir des communautés locales en leur demandant leurs besoins, c’est parce que nous avons une entière confiance en elles. Nous partons du principe que ces associations sont aussi professionnelles que nous le sommes – voire plus – et que, par déduction, elles connaissent leur métier, les lois de leur pays et le fonctionnement de l’aide au développement. Nous ne mettons pas en doute leurs connaissances ni leur travail.

Nous aidons des associations dans des pays que nous connaissons, ainsi nous sommes au courant du coût de la vie et nous n’avons pas besoin de demander des factures pour le moindre achat. Bien évidemment, si nous finançons un projet important, nous demandons à l’association partenaire un devis et des factures pour le plus gros des travaux mais la confiance que nous avons pour ces associations est fondamentale.

Développement de l’économie locale

Nous partons d’un principe simple : pour soutenir une communauté, une région, un pays, il faut le faire vivre et donc injecter de l’argent au sein des ces derniers.

Par exemple, si nous soutenons une école, nous achetons tout le matériel sur place. En achetant le mobilier à un artisan local, on permet à cet artisan de financer la scolarité et la santé de ses enfants, on lui permet de nourrir sa famille. Financer la scolarité des enfants permet de payer les salaires des professeurs ou acheter de la nourriture à un marchand permet à ce dernier de vivre correctement. Vous voyez le principe ?

Injecter de l’argent dans une région en achetant local est le meilleur moyen de faire vivre les autochtones.

Respect de l’environnement

Dans les pays en voie de développement, les principales préoccupations des habitants sont de pouvoir se nourrir, puis de s’occuper de leurs enfants et se soigner. L’écologie, l’environnement ne viennent souvent qu’en dernier plan : comment s’en soucier lorsqu’on a le ventre vide ?

Toutefois, ces dernières années à Madagascar marquent le début d’une prise de conscience, surtout au niveau du réchauffement climatique. En 2017, aux alentours du centre Patrakala, les femmes ont dû arroser leurs champs pour la 1ère fois de leur vie, cela les a beaucoup marqué et les a convaincu de militer et de s’engager pour le reboisement de l’île.

De notre côté, en tant qu’association militant pour la protection des Hommes et de la Nature, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le problème du réchauffement climatique, de la production des déchets et de la pollution environnementale.

C’est pour cette raison que nous avons pris le parti de ne pas créer d’évènement associatif qui pourrait générer des déchets évitables, comme par exemple des lotos. En effet, comment être logique en militant pour l’environnement et l’aide aux personnes vulnérables tout en faisant gagner des lots issus du consumérisme qui termineront bien vite dans un garage ou à la poubelle ?

Respect de la culture

Travailler avec une culture différente de la sienne peut être une expérience enrichissante mais il faut être attentif à l’inter-culturalisme et à ne pas tomber dans le paternalisme.

Apporter son aide envers des étrangers ne veut pas dire imposer sa culture, ses idées, ses opinions. Il y a toujours des échanges et des opinions différentes mais imposer ses propres idées et sa culture ne fait pas partie de la philosophie de FEA.

C’est aussi pour cette raison que FEA ne fait jamais de don de livres en français à un pays étranger. Le don de livre est un véritable fléau dans certaines régions du monde et nous ne voulons pas faire partie de ce système.

Nous sommes une association athée. Nous ne nous permettrons jamais d’aider une association, un groupement et une population tout en faisant du prosélytisme comme beaucoup de mouvements évangélistes dans les pays les plus pauvres. Donner de l’aide d’une main pour imposer sa religion de l’autre n’a jamais et ne sera jamais accepté au sein de l’association Femmes En Action.

Pourquoi nous n’envoyons jamais de don matériel sur place ?

Le fait que nous n’envoyons jamais de matériel de France vers les pays aidés a plusieurs raisons.

La première raison est la raison écologique. Comme expliqué plus haut, nous essayons de préserver l’environnement et faire transporter des dons depuis la France par conteneur n’a pas grand sens pour nous. De plus, la plupart du temps, les choses données (vêtements, matériel informatique, livres, fournitures scolaires) aux associations ne sont que très rarement des objets neufs. Cela implique que ces objets ont un temps de vie plus limité qu’un article neuf et que ces objets iront donc plus vite à la poubelle. Cela nous pose un problème moral dans des pays où il n’existe pas de système de recyclage et où les ordures sont entreposées dans des décharges à ciel ouvert.

La 2ème raison est une question de respect. Pourquoi envoyer nos produits obsolètes dans des pays en voie de développement ? Est-ce pour nous donner bonne conscience ? Ou est-ce pour oublier que nous consommons énormément de biens et que les donner à des gens dans le besoin atténue notre malaise face à ce gâchis ?

La 3ème raison est également une question de respect, mais pas celui qu’on peut imaginer. En effet, quelle image donne-t-on aux personnes aidées lorsqu’on leur envoie des produits venant de notre pays ? Comment les autochtones peuvent-ils ressentir le fait qu’on préfère leur envoyer des produits d’occasion plutôt que d’acheter ces mêmes articles neufs (ou non) dans leur propre pays, à leurs voisins, leurs commerçants ou à eux-mêmes ? Comment nous, occidentaux, réagirions-nous si une association étrangère venait en France aider les orphelins ou les SDF et apportait son propre matériel ? Ne serait-ce pas humiliant de se dire que ce que notre pays propose est si mauvais que les associations préfèrent se fournir à l’étranger ? Il y a bien des cas où acheter à l’étranger (en France) a été indispensable (pour du matériel apicole par exemple) mais cette option est vraiment en dernier recours.

Le fléau des dons de livres

A Madagascar, 80% des habitants ne parle que malgaches. Sachant cela, comment vouloir envoyer des livres écrit en français dans ce pays ? Malgré cela, en 2006, 1 082 tonnes de livres ont été envoyées à Madagascar, nécessitant la somme de 1 138 877€ pour leurs envois. Cet argent aurait été plus utile pour acheter des livres en malgache, écrit par des malagasy et diffuser ainsi la culture malgache sur le territoire.

Donner des livres empêche les éditeurs locaux de diffuser les livres, cela empêche les auteurs de se faire connaître et de gagner leur vie.

Donner des livres en français dans un pays qui ne parle pas cette langue n’a pas de sens. Que ce soit à Madagascar ou ailleurs, le combat est le même.

Les éditions jeunes malgaches ont écrit un article très bien fait (d’où sont tirées certaines données) pour expliquer ce problème.

https://editions-jeunes-malgaches.mg/alerte-sur-les-dons-de-livres-deverses-a-madagascar-impacts-et-enjeux/