Pourquoi aider une association et pas directement la population?

La question est légitime mais retournons la: que diriez vous si des russes ou des mexicains venaient en France et aidaient les SDF français? Vous ne vous diriez pas « mais de quel droit ils aident notre population? est-ce qu’ils croient que nous sommes incapables de le faire nous même? » ? Si, évidemment!

En quoi nous, français, saurions mieux que des autochtones ce qu’il faut (ou non) faire avec les populations en difficulté? Quelle est notre légitimité? Pourquoi déciderait-on de ce qu’il y a à faire (ou non) dans un pays qui n’est pas le notre?

La culture n’est également pas la même d’un pays à un autre. Comment savoir si les décisions que nous prennons sont les bonnes, si elles ne vont pas casser une dynamique, interférer dans les relations locales, susciter des jalousies?

Ce sont ces questions qui nous ont poussé aussi à vouloir un interlocuteur locale. Les associations locales sont formées de gens compétents, locaux, intégrés à la population régionale.

Pourquoi agir seul alors qu’on peut s’appuyer sur ces structures déjà existantes?!

Enfin, il faut savoir que 80% de la population malgache ne parle que le malgache. L’équipe de FEA je ne parle que français donc si nous avons envie d’aider les populations les plus en difficulté (et souvent les plus reculées) il faut une structure ou quelqu’un qui fasse la traduction.

C’est pour ces raisons que même si nous avons changé nos statuts nous ne changerons pas de manière de fonctionner. Nous ne nous permettrons jamais de mettre en place un projet sans l’aval d’une structure existante locale.

C’est ce qui fait notre force et qui fait que nos actions sont durables et intégrées au paysage local.

Par quels moyens récoltons nous des fonds?

Nous avons plusieurs moyens de récolter des fonds, mais il est de plus en plus compliqué d’en avoir!

  • les adhésions (15€/an) permettent de faire des projets qui sont décidés en assemblée générale. Nous stagnons à 15 adhérents/an et ça n’est pas assez. Être adhérent, c’est s’engager sur le long terme. Donc l’intérêt d’avoir des adhérents, c’est qu’en tant qu’association, nous savons que nous pouvons compter sur un certain nombre de personnes sur plusieurs années et donc choisir de financer des projets en fonction du nombre d’adhérents.
  • les dons . Jusqu’en 2018 nous avions une donatrice qui finançait la moitié de nos actions. Depuis son décès, nous ne savons pas comment nous allons financer les actions que nous avions prévu de réaliser
  • les financements participatifs: nous en faisons plusieurs fois par an pour différents projets décidés en début d’année. Le financement participatif permet de faire un don en contrepartie (ou non) d’un petit cadeau. Si vous donnez 30€, on vous envoie une carte postale de Madagascar ou pour 50€, on offre un bracelet en pierres minérales.
  • la vente d’artisanat malgache. C’est ce qui nous rapporte le plus de fonds.
  • le parrainage. Pour l’instant nous n’avons mis en place qu’un parrainage de ruche, qui permet, selon la somme, d’offrir une ruche, des arbres et/ou des fleurs, de financer une partie du salaire de l’ouvrier apicole. Nous aimerions à terme mettre en place un parrainage pour les écoles.

Comment décidons-nous quels projets vont être aidés?

Cela se décide une fois par an en Assemblée Générale pour les projets ayant besoin d’aide financière. Les associations nous demandant de l’aide pour se faire connaître, créer un flyer ou développer sa communication ont une réponse dans la semaine.

L’association locale ayant besoin d’un financement nous fait des demandes en fonctions de ses besoins, des besoins des locaux et surtout EN ACCORD avec les locaux. Oui mais comment?

Voici quelques exemples qui vous expliquerons comment nous avons choisi certains projets.

La journée des femmes

En 2018, ODADI nous a demandé de financer une journée pour les femmes malgaches. En effet, en 2017 les femmes suivies et aidées par ODADI se sont réunies pour le 8 mars. Ce jour-là, elles ont fait venir une troupe de musiciens, invité des femmes d’autres fokontany, planté des arbres, le tout sans leurs enfants. Elles ont passé une journée entre elles ce qui n’arrive jamais dans leur vie de tous les jours. Cette journée a eu un succès fou et en 2018, elles auraient aimé recommencer mais ailleurs. Elles souhaitent sortir de leur fokontany pour voir comment s’en sortent les femmes des autres communes. Elles ont donc demandé à ODADI de les aider à financer cette journée, qui nous a transmis cette demande.

Nous savons que l’ouverture d’esprit se fait grâce à la découverte. Ces femmes ont vraiment peu de possibilités dans leur vie de voyager, ne serait-ce qu’à 20km. Ces sorties leur permettent de rencontrer d’autres femmes, rencontrant souvent les mêmes difficultés (agricole, financière, d’éducation) qu’elles mais ayant une autre approche pour les résoudre.

Nous avons donc décidé de financer leurs journées d’échange et de rencontre.

Journée des femmes au centre Patrakala, 8 mars 2017

Les formations agricoles

Depuis quelques années, ODADI suis un groupe de femmes agricultrices qui souhaitent améliorer leurs cultures et leurs rendements. Pour ça, ODADI a un centre de démonstration de nouvelles techniques agricoles, le centre Patrakala. Les femmes rurales viennent souvent au centre pour avoir des conseils et voir ces nouvelles techniques. En 2016, elles ont émis le souhait d’avoir davantage de formations et surtout un moyen de se reconnaître, d’avoir quelque chose qui les regroupait, renforcerait leur groupe. ODADI a demandé à Femmes En Action de financer une formation par un formateur agricole ainsi que des chasubles.

Ces chasubles ont été achetés, les femmes ont continué à cultiver ensemble, se sont constituées en association, ont mis de l’argent en commun pour acheter les 1ères semences et à présent elles se partagent les bénéfices des ventes de leurs produits.

Asociation de femmes agricultrice à Madagascar

Les toilettes de l’école d’Andozoka

Pendant plusieurs années, FEA a financé des kits scolaires pour les enfants des écoles de Beorana, Antsahafina et Andozoka. En 2017 nous avons décidé d’aider l’école d’Andozoka à se doter de matériel et fournitures scolaires manquantes mais utiles à l’éducation des enfants. Lors de cette remise de don il a été signalé que les toilettes de l’école étaient en bien mauvaise état. Les professeurs et les enfants s’en contentait mais l’équipe de FEA a souhaité s’engager et leur faire construire des toilettes en dur qui ne s’envolent pas à chaque cyclone.

Un financement participatif a été mis en place et les toilettes vont être construit en 2021. ODADI se chargera de gérer les travaux sur place.

Professeurs de l'EPP d'Andozoka

Ces exemples montrent bien comment nous choisissons nos projets. Dans les deux premiers cas, les femmes ont demandé de l’aide à ODADI qui nous en a fait part. Le troisième cas est une initiative de FEA qui a demandé l’avis d’ODADI et son aide pour mettre en place ce projet.

A chaque projet, nous ne sommes pas seuls. Nous collaborons main dans la main, avec les locaux et les structures en place. C’est ce qui fait que nos projets sont pertinents et si bien intégrés.