A l’école primaire

Passage obligé pour apprendre à lire et écrire, l’école primaire malgache n’est pas sans faille.

Les écoles primaires publiques (EPP) à Madagascar sont fréquentées par 75% des enfants de six à onze ans. L’école est obligatoire à partir de deux ans depuis 2017 mais les moyens de mise en œuvre de cette politique n’ont pas suivi.

L’UNICEF estime qu’un million et demi d’enfants malagasy ne sont pas scolarisés parce qu’ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école ou parce qu’ils l’ont abandonnés (les enfants ayant quittés les bancs de l’école l’ont fait dans les trois premières années de leur scolarisation).

Les professeurs

Selon la société civile, 65% des professeurs est sans diplôme. En effet, une personne lambda peut se présenter comme professeur dans une école en ayant simplement le bac. Elle travaillera bénévolement pendant une ou plusieurs années puis sera rémunérée par les parents d’élèves. Si les parents d’élèves n’en n’ont pas les moyens, le professeur se retrouvera sans salaire et sera obligé de partir travailler en ville, ce qui fait que les enfants se retrouveront sans maître d’école.

Après plusieurs années à travailler avec un salaire plus ou moins stable, le professeur pourra présenter sa candidature auprès du rectorat afin d’être titularisé. Si c’est le cas, il obtiendra un statut de fonctionnaire et un salaire fixe.

Etant donné que ces professeurs ne sont pas diplômés, ils n’ont aucune idée des méthodes de pédagogie et d’enseignement. Ils se retrouvent donc bien souvent à faire apprendre par cœur aux élèves des leçons qu’ils ne savent pas remettre en pratique. Entrez dans une école malgache, tous les enfants vous diront en français « Bonjour madame, comment ça va, ça va bien » d’une seule traite mais si vous leur demandez leur âge, aucun ne saura répondre, le maître non plus soit dit en passant. En effet, 80% de la population ne parle que malgache. Les livres d’enseignements sont en français. Dans un cas pareil, comment les professeurs peuvent-ils travailler ? Il n’est pas rare de croiser des élèves de onze ans sachant à peine écrire ou lire l’alphabet.

Les écoles

Certaines années, les écoles sont dotées (selon le président en cours) de fournitures scolaires. En 2017, la présidente de Femmes En Action a pu constater que les cahiers offerts à l’école d’Andozoka par l’Etat avaient des feuilles aussi épaisses que du papier à cigarette (et donc impossible à remplir sans arracher les pages) et les professeurs se plaignaient que les stylos ne fonctionnaient pas.

Les petits élèves de quatre ans se retrouvent sur des tables-bancs destinés aux enfants de sept ans et il est donc compliqué pour eux de pouvoir dessiner ou écrire correctement. Si la commune de l’EPP est soucieuse de ses élèves, et surtout si elle en a les moyens, elle dote l’école de meubles adaptés aux enfants.

En 2017, suite à une loi obligeant les enfants de deux ans à aller à l’école, l’école d’Andozoka a eu deux mois pour adapter l’école aux enfants, trouver une professeure, du matériel et de quoi faire faire la sieste aux enfants. Evidemment, l’EPP n’a pas été en mesure de mettre en place tous ces changements en si peu de temps et sans moyen supplémentaire alloué par l’Etat.

L’architecture des écoles n’est pas non plus adaptée : il manque des salles, les toits ne sont pas en bon état ou pas isolés (et lorsqu’il pleut sur un toit en tôle, il est impossible de suivre une leçon de mathématiques), les toilettes sont manquantes ou en mauvais état. Les professeurs, habitant parfois loin, vivent dans les classes. A l’heure du déjeuner, lorsque le maître cuisine son repas, les effluves de nourriture donnent faim aux petits élèves qui bien souvent n’auront eux-mêmes rien à manger le midi.

Les élèves

Les élèves quittent l’école par manque de moyen ou tout simplement parce que les parents ont besoin de leurs enfants à la maison, dans les champs. Les dernières enquêtes relèvent un taux de survie en dernière année du primaire s’élevant à 36,1 % en 2015. Certains parents ne trouvent pas l’intérêt de l’éducation : eux-mêmes n’ont pas été à l’école et s’en sorte en tant qu’agriculteur.

Ce n’est qu’en 2021 que les Nations Unies, le HCDH et le Ministère de l’Education Nationale de Madagascar ont signé un mémorandum d’accord historique visant à intégrer l’éducation aux droits de l’homme dans les programmes scolaires des écoles primaires et secondaires dans tout le pays. Ce point est très important dans un pays où les enfants travaillent régulièrement dans les champs ou les mines.

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